Dos N° 147

Mise à jour du 12 mars 2015

Revu le 16 mai 2016

Revu le 5/7/20

 

 

ACCORDS ET  TRAITES DE LA FIN DE LA GRANDE GUERRE SUR L’ARMENIE

 

Accords Sykes Picot

 

« Malédiction »

 

Un débat récent sur les fameux Accords Sykes Picot, du 16 mai 1916, a eu lieu à radio France-Culture, débat auquel ont participé Gaïdz Minassian journaliste au Monde, Myriam Ben Raad  et une autre personne (doctorante en histoire plus spécialisée sur les dépouilles arabes de l’Empire ottoman). Ces accords secrets dont c’est le centenaire, comme l’a rappelé la doctorante, n’étaient en réalité qu’ une pratique constante de la diplomatie occidentale de l’époque en situation évolutive. ( le partage réel n’aura lieu qu’ au traité de San Rémo en 1920). Ce qui fait l’actualité de ces accords, c’est que l’Etat islamique revendique l’abattage de cette manœuvre qui visait à partager le Proche orient en zones d’influences européennes.   Il ne faut pas oublier  que les chefs Arabes eux –mêmes étaient partie prenante de ce partage avec l’idée d’un grand royaume achemite qui engloberait la Syrie et la Péninsule arabique. Il faudrait remonter à 1905 pour voir émerger une séparation entre les Arabes et le monde turc sur la base d’une quête de tradition d’Etat-nation et de démocratisme plus sensible côté turc.

 

En venant à apprécier la situation actuelle au Moyen Orient , Gaïdz Minassian prenant en compte la difficulté d’asseoir une forme quelconque de paix a parlé de malédiction pour cette région en guerre qui porte encore les stigmates de l’Empire ottoman, l’Homme malade, qui ne serait pas vraiment mort.

 

Le terme de malédiction n’a pas beaucoup plû à Myriam Ben Raad qui préfère elle, parler de la difficulté à extraire une violence structurelle. Gaidz Minassian l’a justifié cependant par le crime du génocide arménien lors de la Première guerre mondiale, demeuré impuni, les stratégies politico – économiques russe et anglaise  puis les intérêts pétroliers anglo-saxons, suivis des tensions idéologiques de la guerre froide, la souffrance vécue actuellement encore par les peuples arabes déchirés et les affrontements entre Kurdes et Turcs, les rivalités entre l’Iran et l’Arabie Saoudite, l’interminable conflit israélo- palestinien, bref une situation de poudrière qui s’éternise depuis un siècle et ne ferait que s’aggraver.

 

Selon Gaïdz M, le non-règlement des questions territoriales actuelles serait dû à l’origine au triomphe du kémalisme qui est sorti victorieux de la tentative helladiste orchestrée par l’Angleterre. Mustapha Kemal a su résister à l’Occident en instaurant un Etat turc puissant ( avaleur de la première République arménienne, que Gaïdz M a omis de préciser), alors que les conséquences de l’effondrement de l’autre grand empire féodal, celui d’Autriche-hongrie, auraient été traitées avec plus de rigueur et moins de partialité par l’Occident vainqueur et  son antagonisme anti soviétique.

 

 

A propos de malédiction, il est à noter qu’une accusation de malédiction avait commencée après le concile de Chalcédoine quand les Byzantins traitèrent le peuple arménien de peuple maudit de Dieu, une calomnie qui fut reprise ensuite et colportée dans l’Empire ottoman parmi les oligarchies au pouvoir, ce qui contribua à la pensabilité du génocide de 1915 lequel ne visait pas que les Arméniens mais toutes les communautés chrétiennes (syriaques et gréco-pontiques) . Cette pensabilité de l’extermination   a permis le passage à l’acte dans l’Empire ottoman lorsque les Arméniens du Caucase sont apparus comme un obstacle a l’expansion du nationalisme turc.

 

Dans la pensée de l’histoire reliée, par là a été commis un pas décisif de l’humain dans un processus conduisant à la consommation du monde. Gaidz a évoqué néanmoins la question de la Cilicie arménienne promesse non tenue et complètement  mise sous le boisseau. Le débat radiodiffusé inachevé était alors arrivé a son terme technique. (JB)

 

 

  

 

 

Revue des études arméniennes t. III

 Revue des études arméniennes t. III

Revue des études arméniennes t. III

 

 

(Vignette  imprimée à Beyrouth en 1964: Le territoire attribué par le président Wison aux Arméniens)

 

http://www.atlas-historique.net/cartographie/1914-1945/grand_format/TurquieSevresGF.gif

Carte du traité de Sèvres 1920  source Atlas historique.net

 

La rapidité de l’avancée grecque convainquit le sultan et son grand vizir de l’urgence d’accepter les accords de paix sans condition. Ils signèrent donc le traité dont les termes draconiens avaient été dictés quatre mois plus tôt par les Alliés en Italie, à San Remo. Smyrne et son arrière pays étaient officiellement placés sous contrôle grec. La Turquie en gardait provisoirement la souveraineté jusqu’à un referendum qui devait, au bout de cinq ans, décider si la ville serait annexée de façon permanente à la Grèce. Le résultat d’un tel scrutin faisait peu de doutes. Smyrne et son arrière pays étaient perdus pour les Turcs, Mais c’était aussi le cas des territoires du Kurdistan qui devait devenir une province autonome, et de l’ Arménie qui accédait à l’indépendance. Les détroits tombaient sous contrôle international (zones démilitarisées) . Et les Français les Britanniques et les Italiens se partageaient le sud de la Turquie en différentes zones d’influence. La Thrace revenait à la Grèce ainsi que presque toutes les iles égéennes. Constantinople demeurait la capitale. Cequi restait du territoire turc (Anatolie) en était éloigné.

Le grand vizir signa le traité en aout 1920, engageant ainsi son gouvernement.  Les nationalistes d’Angora (kémalistes) refusèrent de reconnaître la validité du traité.

 

« Le président français, Raymond Poincaré, fit plaisamment remarquer qu’il était peut être de mauvais augure de signer le traité de Sèvres, ville du musée de la porcelaine : « Le traité turc a été signé à la manufacture nationale, au milieu des biscuits et des flambés. C’est lui même un objet fragile, peut être un vase brisé. N’y touchez pas »[1]

 

Carte du traité de Lausanne de 1923

(publiée dans « l’Humanité » du 21 novembre 2014)

 

 

sykes-picot-1916

 

 

Carte de l’Europe en guerre 1914-1918

Remodelage problématique des frontières de l’Europe en 1915 d’après le journal « Le Journal »

 



[1] Gile Milton : Le Paradis perdu